Depuis plusieurs semaines, l’université de Lyon 2 est au cœur des polémiques et récupérations politiciennes. Rappelons que QSF affirme, comme toujours et avec force, la nécessité de la liberté académique qui s’accompagne de son corollaire, l’éthique des universitaires. Or, à l’imitation de ce qui se passe aux Etats-Unis, la tentation peut être grande de conditionner des financements à la conformité à une ligne politique, ce que l’on a pu voir tout récemment. Alors que la présidente de l’université Lyon 2 et un enseignant-chercheur ont été la cible de menaces et mériteraient la solidarité des responsables politiques et de la communauté nationale, la décision annoncée sur une chaîne d’information par Laurent Wauquiez, ex-président de la région Auvergne-Rhône-Alpes et désormais « conseiller spécial », de suspendre les financements régionaux à l’université Lumière Lyon 2, comme il avait déjà tenté de le faire pour l’IEP de Grenoble, constitue une atteinte grave et inquiétante à l’autonomie des établissements d’enseignement supérieur.
En effet, cette attaque sans précédent en France contre une université publique traduit une dérive préoccupante du débat public, et qui n’est pas sans rappeler celles que subissent les chercheurs Nord-Américains : punir une université perçue comme opposée idéologiquement au goût de l’exécutif régional. La rhétorique employée par M. Wauquiez ces dernières semaines – dénonçant l’« islamo-gauchisme » et le supposé laxisme des établissements – participe d’une offensive bien plus large non seulement contre les institutions qui échappent à son contrôle, mais également contre les universitaires qui les composent, considérés comme incapables d’esprit critique et d’autonomie intellectuelle. Ce geste, à forte teneur politique, dépasse le cadre budgétaire ou administratif : c’est un signal autoritaire envoyé à la communauté universitaire, et une attaque directe contre la liberté académique.
Cette décision n’est pas sans conséquences concrètes. Derrière les chiffres de subventions suspendues, et pourtant en grande partie contractuelles, ce sont d’important travaux d’amélioration des conditions de vie et de formations étudiantes, déjà bien avancés mais dont le paiement se trouverait compromis, pénalisant des entreprises locales ; ce sont aussi des projets de recherche gelés, des partenariats annulés, des conditions d’enseignement dégradées, et des étudiantes et étudiants pénalisés. Ce sont enfin des chercheurs et des universitaires de plus en plus calomniés et empêchés de contribuer au rayonnement scientifique de la France dans le monde.
Faut-il rappeler que la liberté de la recherche, l’autonomie des universités, et le débat critique sont des piliers de notre démocratie ? Couper les subventions à une université sous prétexte qu’elle ne se conforme pas à une ligne politique, c’est remettre en cause la liberté académique, l’indépendance des universitaires, et au fond, les fondements mêmes de l’enseignement supérieur. QSF tient à rappeler que l’université n’est pas une entreprise sous contrat, soumise aux caprices des ambitions politiciennes : elle est un espace de pensée critique, de pluralisme, de laïcité, de liberté et de respect.