Le ministère de l’enseignement supérieur a publié, le 22 juin 2011, un communiqué intitulé « Nouvelle licence: une nouvelle formation pour un nouveau diplôme ». Selon ce communiqué, la nouvelle licence serait fondée sur une quadruple orientation : « faire de la licence une formation exigeante, professionnalisante et garantissant à tous les étudiants un diplôme de référence reconnu par les employeurs, tout en permettant la poursuite d’études. »
QSF ne peut que souscrire à l’objectif d’une réforme qui rendrait ce diplôme plus attractif pour les employeurs et favoriserait l’emploi des jeunes diplômés. Elle tient cependant à exprimer les plus vives réserves sur la mouture actuelle de la réforme. QSF rappelle solennellement que l’objectif d’augmenter le taux de la population poursuivant des études au delà du bac ne doit pas être atteint par l’abaissement des exigences devant mener à l’obtention de la licence.
Par conséquent, QSF s’oppose à une réforme de la licence qui prétende prendre en charge les difficultés des étudiants en situation d’échec sans aborder la question de l’accès à l’Université. Tel qu’il est conçu, le projet de nouvelle licence n’aboutirait qu’à la énième dévalorisation des diplômes universitaires, sans pour autant apporter des réponses crédibles aux besoins des bacheliers peu et mal formés. Si l’on entend la licence comme la suite naturelle et souhaitable du baccalauréat, il est évident que seule une réflexion globale sur les deux diplômes, sur leurs moyens et leurs objectifs, pourra offrir aux étudiants plus motivés la formation de qualité à laquelle ils ont droit, et aux étudiants en difficulté des solutions adaptées, qui ne s’inscrivent pas nécessairement dans le périmètre des études universitaires.
QSF estime que l’évaluation doit être lisible à tous les niveaux : brevet des collèges, baccalauréat, licence, etc. Elle souligne que la crédibilité des diplômes repose sur le fait qu’ils certifient des résultats et non un « parcours » et qu’il est malsain de faire du seul « taux de réussite » le critère de l’excellence d’une formation.
QSF estime qu’il serait plus judicieux de suivre la recommandation du Conseil pour le développement des humanités et des sciences sociales proposant la création d’une année ou d’un semestre de propédeutique se situant entre le bac et la première année de formation universitaire, et s’adressant aux étudiants en difficulté.
QSF regrette aussi que, pour une réforme aussi importante, le ministère ne prenne pas en considération l’expérience des enseignants-chercheurs et ne tienne pas compte de leur avis sur la faisabilité d’une réforme qui prête à caution.
QSF tient surtout à attirer l’attention de l’opinion publique sur le vice fondamental de cette nouvelle licence, qui tente d’appliquer des remèdes pédagogiques à un problème d’orientation. Ce faisant, le ministère feint d’ignorer deux données capitales :
– d’une part, si les bacheliers se dirigent prioritairement vers les classes préparatoires, les IUT et les BTS, ce n’est pas en raison du contenu pédagogique de ces formations, mais de leur caractère sélectif ;
– d’autre part, le taux d’échec des étudiants à l’Université ne saurait être comparé à celui des autres formations post bac sans tenir compte de l’absence de sélection à l’entrée des universités. Nombre d’étudiants sont les premières victimes d’un système hypocrite qui les invite à s’engager dans des formations où leurs chances de réussite sont infimes, faute d’avoir le niveau préalable requis.
Ainsi, loin de renforcer l’attractivité des universités, une telle réforme, qui aboutira à transformer la licence en un ersatz de diplôme, ne fera qu’aggraver la situation actuelle, qui est celle d’une fuite du premier cycle universitaire (hors IUT) par les étudiants. Alors que l’Université connaît déjà les ravages d’une réforme aussi hâtive que la mastérisation des concours, il serait irresponsable de la part du ministère d’imposer précipitamment la nouvelle licence en la mettant en application à la rentrée de l’année 2012.