Élections au Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (Cneser)
Liste présentée par l’Association pour la » Qualité de la science française »
Collège des professeurs et personnels de niveau équivalent
Profession de foi
L’Association pour la Qualité de la science française (QSF), créée en 1982, a pour mission de défendre et de promouvoir la qualité et la créativité de l’enseignement supérieur et de la recherche en France, conditions indispensables de la compétitivité de la science, de la diffusion de la culture, et du développement de l’économie. S’il revient aux organisations syndicales d’assurer la défense collective et individuelle des universitaires, l’association QSF entend que les choix scientifiques soient faits sur la base de critères exclusivement scientifiques, indépendamment de toute autre considération.
Pour une cohérence de l’enseignement et une transparence des diplômes
La formation supérieure de la majorité d’une classe d’âge est un défi majeur qui exige une amélioration du taux d’encadrement, une augmentation du nombre et du montant des bourses, et une orientation appropriée. Le pourcentage d’échec en premier cycle (près de 40 % des étudiants quittent l’université sans diplôme) constitue un énorme gaspillage national.
Or l’opacité du système universitaire n’a fait que croître depuis l’arrêté Bayrou de 1997, par l’empilement des réformes, des diplômes et des modalités de contrôle, sans suppression des dispositions antérieures. La semestrialisation a multiplié les périodes d’examens, qui occupent jusqu’au tiers de l’année dans les grandes universités, au détriment des périodes d’enseignement ; la réorientation après un semestre en première année s’est avérée peu efficace par rapport aux moyens disproportionnés qu’elle mobilise.
La construction de l’Europe universitaire sur le modèle américain a imposé le dispositif dit » 3-5-8 « , correspondant à la licence, au master et au doctorat, sans abolir les diplômes intermédiaires. Ce dispositif ne tient pas compte des disciplines où existent des concours de recrutement pour l’enseignement secondaire, ni de celles où l’entrée dans la profession se fait traditionnellement à Bac + 4 (Droit notamment), ni de celles où une thèse en trois ans est inconcevable. L’adoption hâtive du système européen de transfert de crédits (ECTS) ne garantit pas la cohérence des parcours individuels dans une université de masse sans suivi personnalisé, et compromet les diplômes nationaux. La seconde session d’examens et le système de compensation, en contradiction avec le système des crédits, n’ont plus de raison d’être.
QSF juge pervertie une situation où les bacheliers capables de suivre des études longues évitent les premiers cycles universitaires et recherchent en particulier les IUT, tandis que les universités sont contraintes d’accueillir les bacheliers qui n’ont pas été acceptés ailleurs. Les licences professionnelles, en vogue, ne sont pas un substitut valable à des formations disciplinaires à Bac + 3 à orientation professionnelle.
Pour une meilleure reconnaissance de la recherche universitaire
QSF est attaché au maintien des grands organismes de recherche (CNRS, Inserm, EPST, etc.), qui ont démontré, par la qualité de leurs travaux, leur légitimité. Ces organismes sont étroitement liés aux universités, où est mené, notamment dans le cadre de laboratoires associés, l’essentiel de la recherche fondamentale. QSF est favorable à une mobilité effective entre le CNRS et les universités.
Or les crédits de recherche des universités ne reflètent pas l’importance de la recherche qui s’y fait ; leurs moyens en personnel technique et administratif sont insuffisants ; leurs bibliothèques restent pauvres. Le rythme de croissance du budget de la recherche est très inférieur à celui de l’enseignement supérieur depuis dix ans. QSF dénonce la stagnation du budget des universités annoncée pour 2003, ainsi que la réduction du budget de la recherche.
Pour une revalorisation matérielle et morale du statut des universitaires
Les conditions matérielles de l’enseignement et de la recherche en France restent très inférieures à celles des grandes universités étrangères. Les meilleurs cerveaux d’une génération ne seront pas attirés vers l’enseignement et la recherche si un système de » post-docs » n’est pas mis en place, si les salaires de début de carrière ne sont pas réévalués, alors que les services d’enseignement, les charges d’examen et les responsabilités administratives continuent de s’alourdir.
QSF a toujours soutenu qu’une contribution significative à la recherche devait entraîner une réduction des charges d’enseignement. En matière d’équilibre de l’enseignement et de la recherche, QSF défend la modulation pluriannuelle individualisée des obligations de service en fonction de la créativité et de la productivité.
Le système des primes introduit en 1990 a été un premier pas vers la reconnaissance de la recherche. Le déblocage des carrières par un nombre suffisant de promotions devrait en être un second. L’institution de dotations individualisées pour la recherche, l’augmentation du nombre des congés pour recherche et des échanges avec les établissements scientifiques étrangers et les organismes de recherche, la mise en conformité des bibliothèques aux standards internationaux sont des priorités pour motiver et inciter à l’excellence.
Pour des universités autonomes et responsables
QSF a toujours soutenu qu’une véritable autonomie des universités était la condition indispensable de leur vigueur, de leur créativité et de leur capacité de rivaliser avec leurs homologues étrangères. Cette autonomie – dans la cadre maintenu du service public – supposerait une responsabilité, c’est-à-dire l’émulation entre les universités françaises et leur concurrence relative à la qualité scientifique et pédagogique, afin que les bonnes et les mauvaises décisions de gestion, de financement, de pédagogie et de recrutement soient reflétées par un gain ou une perte d’influence.
Le président, élu par un collège où les universitaires devraient être majoritaires, devrait pouvoir conduire une politique à long terme pour son université. Cela supposerait aussi que le ministère arrête d’imposer des réformes incessantes sans rapport avec des besoins identifiés.
QSF approuve la politique des contrats pluriannuels engageant les universités comme le ministère. Le complément indispensable de la contractualisation et de l’autonomie est l’évaluation régulière des universités, à des fins, non de pénalisation, mais de stimulation.
Ces points retiendront l’attention particulière de QSF lors de l’ouverture des débats sur la décentralisation.
Notre liste a été composée dans un souci d’équilibre géographique et disciplinaire. Les élections au Cneser sont caractérisées par une forte abstention. Nous vous proposons une liste indépendante et collégiale. Nos élus veilleront à l’excellence et à la diversité de l’enseignement supérieur et de la recherche en France.