L’annulation par l’université Bordeaux-Montaigne de la conférence-débat sur « L’être humain à l’époque de sa reproductibilité technique?», que Mme Sylviane Agacinski aurait dû tenir le jeudi 24 octobre constitue une nouvelle atteinte à la liberté d’expression au sein de l’espace universitaire.
Face aux menaces proférées par plusieurs associations identitaires qui n’acceptent aucune forme de contradiction et qui sont trop souvent relayées par une minorité d’universitaires, l’université Bordeaux-Montaigne, au lieu de dénoncer ces formes d’intimidation, de ne pas céder à la violence verbale et de réaffirmer la volonté de préserver par tous les moyens légitimes la liberté d’expression dans son enceinte a reculé, en permettant ainsi aux tenants d’une vision totalitaire du débat universitaire d’atteindre leur objectif liberticide. (https://www.aefinfo.fr/depeche/615327)
QSF juge inacceptable que la liberté d’expression, qui est avec la liberté de recherche et la liberté d’enseignement au cœur de la liberté académique, fasse l’objet de telles attaques et qu’elle soit si peu défendue par les institutions universitaires qui devraient la protéger. La censure de la pensée ne peut être ni tolérée, ni subie.
QSF avait déjà dénoncé dans un communiqué publié en avril dernier (https://www.qsf.fr/2019/04/12/communique-sur-la-protection-de-la-liberte-academique-par-la-loi/) la multiplication des entorses à la liberté d’expression au sein de cet espace sacré de la pensée et de la critique que devraient être nos facultés. QSF ne peut que réitérer l’appel lancé à la communauté universitaire pour qu’elle se mobilise et refuse de céder aux formes de censure que tel ou tel groupe de pression cherche à imposer, et cela quelle que soit l’orientation de ces groupes. QSF demande à nouveau avec la plus grande fermeté à la Conférence des présidents d’université de veiller à ce que la liberté académique sous toutes ses formes soit garantie et protégée comme notre bien le plus précieux. QSF souhaite que le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation soit le premier garant de la liberté des savoirs qui est au cœur de la mission des universitaires. Le ministère de tutelle doit adopter au plus vite les mesures réglementaires et disciplinaires qui permettront aux universités de rester des temples de la liberté d’expression et de critique dans le respect des lois de la République.
QSF, qui sera plus vigilant et exigeant que jamais sur cette question, apportera sa contribution au débat en organisant le 1er février prochain un colloque sur les menaces que font peser sur la république des savoirs ces nouvelles censures, qui, en cherchant à museler la liberté d’expression, limitent la liberté de penser.
Nous continuerons ainsi de défendre la vertu de la tolérance intellectuelle, qui est une valeur fondamentale de l’université et du pacte républicain.