Lors de sa séance du 9 novembre, la Commission mixte parlementaire (CMP) a entériné – entre autres dispositions sur lesquelles QSF reviendra – l’amendement n° 150 à la Loi de Programmation de la Recherche, que le Sénat avait voté dans la nuit du 28 au 29 octobre. Cet amendement abolit la nécessité de la qualification par le CNU pour les candidatures aux postes de professeur. Il accorde aux établissements d’enseignement supérieur, moyennant dérogation et à titre « expérimental », la possibilité de recruter comme maîtres de conférences des candidats n’ayant pas obtenu la qualification à ces fonctions.
Après l’introduction des chaires de professeur junior, avec lesquelles l’habilitation à diriger des recherches cesse d’être requise pour l’accès au rang magistral, la mesure adoptée poursuit la dérégulation du système actuel de recrutement. Aucun garde-fou n’est en effet dressé contre les dérives localistes que QSF n’a eu de cesse de dénoncer, et que les nouvelles dispositions ne pourront que faciliter. Comme nous l’avons déjà indiqué[1], l’évaluation annoncée de cette réforme au terme de quatre ans par le HCERES est illusoire, cet organisme n’ayant pas vocation à évaluer les individus.
Le système actuel comporte des défauts notoires, et l’on pouvait attendre d’une réforme dûment concertée qu’elle les corrige dans un système nouveau et bien conçu. Loin de poursuivre une telle ambition, celle-ci s’attaque aux rares vertus de l’existant.
Le ministère a promu cette double mesure sans l’avoir aucunement annoncée au cours des discussions publiques qui se sont déroulées depuis des mois. Le Sénat l’a adoptée sans même un débat, ce qui est inadmissible pour un élément aussi capital du système français de recrutement des universitaires.
En outre, cette réforme intervient à un moment – le confinement de la population – où la communauté universitaire, occupée à faire fonctionner le service public dans des conditions difficiles, ne peut manifester son rejet sinon par écrit. Les vœux et avis des acteurs de l’enseignement supérieur se trouvent ainsi méprisés au profit d’un arrangement pris à la sauvette.
QSF alerte les parlementaires qui auront à approuver en dernière lecture le texte retenu par la Commission mixte parlementaire sur la portée désastreuse pour les universités françaises de cet amendement adopté dans des conditions clairement scandaleuses.
QSF invite par ailleurs la communauté universitaire à réfléchir à la manière de garantir la qualité du système de recrutement au sein du service public d’enseignement supérieur. QSF apportera ses propositions et participera à ce débat dans chaque université comme dans les différentes sections du CNU.
[1] https://www.qsf.fr/2020/10/30/le-senat-contre-luniversite/